février

mardi 6 février 2024

correction du DS du 25/01

lundi 26 février 2024

II/ une socialisation qui dure toute la vie

A) Les statuts sociaux et les rôles évoluent tout au long de la vie

Statut : position occupée par un individu dans un groupe social.

Rôle : modèle de comportement conforme aux attentes que peuvent avoir les membres de la société, en fonction du statut de l’individu. Comportement attendu par le groupe en fonction du statut social

statut d'enfant (S1) :

-rôles : R1vis à vis de parents (respect→ obéissance, politesse ; solidarité→ aide; langage); R2 vis à vis du grand frère (complicité, opposition, obéissance, partage); R3 vis à vis de la petite soeur (altruisme, gentillesse, protection, entraide); R4 vis à vis des grands parents (respect, complicité, don de soi); etc....

Statut d'élève (S2)

-rôles :R1 vis à vis des amis (entraide, complicité, solidarité, humour...), R2 vis à vis des profs (respect, ponctualité, assiduité, effort, travail), R3 vis à vis de la vie scolaire, R4 vis à vis de l'administration, etc...

En apprenant, en approfondissant et en intériorisant ces valeurs, l'individu se prépare à sa vie future. Quand il aura un emploi, son employeur attendra de lui qu'il ait intériorisé toutes les normes et les valeurs nécessaires à la vie de l'entreprise. Dans l'entreprise, de nouvelles valeurs et de nouvelles normes lui seront transmises et il devra se les approprier. On parle d’ailleurs souvent de la culture d’entreprise, et elle peut être propre à une entreprise en particulier.

En réalité la socialisation d'un individu dure toute la vie puisqu'à chaque étape de la vie : 1er emploi, mariage, enfant, petits enfants... l'individu change de statut (mari ou épouse, père, grand-père) et il doit faire l'apprentissage des rôles assignés à ses nouveaux statuts.

Pourquoi dit-on que la socialisation dure toute la vie ? Au cours de sa vie, un individu va avoir de nouveaux statuts (élève, étudiant, salarié, conjoint, père/mère, arbitre de football, représentant syndical, oncle/tante, grand-père/mère, …) auxquels sont attachés des rôles bien précis vis-à-vis d’autres interactants, caractérisés par des normes et des valeurs spécifiques.

B) La socialisation secondaire

Dans tous les cas, la socialisation secondaire permet à l’individu de se construire son identité : quelle profession ? marié ou non ? avec ou sans enfant ? engagé politiquement ? action humanitaire ? Qui êtes-vous ? Des individus pluriels

On distingue la socialisation primaire qui a lieu jusqu’à l’adolescence et qui se produit dans la famille et à l’école (elle consiste en la transmission de N& V fondamentales pour la vie en société, c’est le langage social de base) et la socialisation secondaire qui a lieu tout au long de la vie au sein de multiples instances de socialisation (famille conjugale, emploi, groupes de pairs, associations, club de sport…) et consiste en l’intériorisation de N& V spécifiques.

On remarque que la socialisation primaire utilise peu d'agents de socialisation alors que la socialisation secondaire en a beaucoup. Par ailleurs, la socialisation primaire transmet des N&V fondamentales, essentielles pour vivre en société, tandis que la socialisation secondaire transmet des N&V spécifiques aux groupes auxquels l'individu veut appartenir.

La diversité des agents de socialisation conduit à ce que les individus ne fondent jamais l’ensemble de leurs manières de faire, de penser sur une référence unique. C’est pourquoi les trajectoires ou préférences individuelles sont diverses et parfois improbables

On peut noter que ces changements d’identité, s’ils sont propres à toute vie humaine, sont aussi une caractéristique de l’époque contemporaine. Le travail est devenu plus flexible, le couple est devenu plus fragile et les vies familiales sont séquencées, les individus sont aujourd’hui nombreux à avoir des identités plurielles.

Les socialisations secondaires peuvent renforcer ou transformer les socialisations primaires:

-renforcer : par exemple dans les groupes de pairs, groupe de garçons où tout comportement non masculin sera rejeté avec force. Les socialisations secondaires peuvent renforcer les N&V et rôles précédemment acquis et leur donner de la force.  Ainsi les rôles masculins et féminins sont le plus souvent renforcer entre l’enfance et la vie adulte. On peut évoquer la socialisation politique (les enfants votent le plus souvent comme leurs parents), ou la reproduction sociale (les enfants font souvent le même métier que leurs parents).

-transformation : l’alcoolique en cure de désintoxication, il doit s’éloigner de certaines tentations (sorties avec les potes), fréquenter de nouveaux lieux, adopter de nouvelles habitudes (ici, transformation dans la socialisation secondaire, mais remarquez que l'individu qui devient alcoolique, opère bien une rupture par rapport à sa socialisation primaire)… Les expériences à l’âge adulte peuvent rentrer en contradiction avec ce qui a été précédemment acquis et contribuer à modifier les identités sociales. C’est le cas dans la socialisation anticipatrice.

mardi 27 février 2024

Q2 : qui sont les acteurs de la socialisation ?

O2 : être capable d’illustrer la pluralité des instances de socialisation et connaître le rôle spécifique de la famille, de l’école des médias et du groupe de pairs dans le processus de socialisation des enfants et des jeunes.

I/ la famille

A) Le langage social

Doc.2 p.84

Le rôle de la famille consiste à contrôler les fréquentations et de sorties, à exercer un rôle de filtre par rapport aux médias (par exemple face au fake news) et d’interprétation de la vie social (juge de ce qui est bien ou mal).

La famille prépare l'individu à la vie en groupe en lui transmettant certaines normes et valeurs comme l'autonomie, le respect des autres, l'autorité, la propreté, le langage, de sorte qu’il puisse s’intégrer à la société et ne pas se mettre en danger.

B) Le destin des individus, un déterminisme social et familial

Doc. 3 p.87

En France, en 2014 d’après le ministère de l’éducation national et le CEREQ, sur 100 fils de cadres, 3 sont en retard à l’entrée en 6ième, 91 demandent de passer en seconde ne fin de troisième, 1 est sans diplôme et 52 obtiennent un Bac+5

Les dispositions durablement intériorisées par un individu ne sont pas les mêmes selon le milieu social : c’est l’habitus de classe, qui modifie le rapport des individus à l’alimentation, aux pratiques culturelles ou à l’école.

En France, d’après Sandrine Vincent, dans le jouet et ses usages sociaux, sur 100 sanctions résultants de mauvaises notes, 6,8 en moyenne sont des retraits de jouets dans les classes moyennes. Les milieux populaires ont tendance à gronder, à retirer un jouet ou à supprimer la télévision. A l'inverse, les milieux aisés favorisent l'encouragement et l'aide, et ce sont également ceux qui innovent le plus dans la sanction.

Quelles conséquences ce type de comportements peut-il avoir sur les enfants des deux milieux ?

En France en 2009, d’après alternative économique, sur 100 enfants d’enseignants 62,9 ont un diplôme supérieur à bac +3. Sur 100 enfants d’ouvriers non qualifiés, 58,9 ont un diplôme inférieur au Bac. Sur 100 enfants de cadres, 52,2 ont un diplôme supérieur à Bac +3.

Aujourd'hui en France, sur 100 enfants de cadres 90 obtiennent leur baccalauréat alors que sur 100 enfants d'ouvriers, seuls 50 obtiennent le bac.

Toutes ces données feraient aisément croire à une intelligence supérieure de la part des enfants de cadres qui leur permettrait de mieux réussir. En réalité les SES montrent que si l'on ne peut pas contester que les enfants de cadres réussissent mieux, il est possible d'expliquer ce constat par des facteurs autre que "naturels", mais bien culturels. Les sociologues montrent en effet que les milieux de cadres bénéficient d'une certaine proximité culturelle avec la culture de l'école qui permet à leurs enfants de mieux réussir. Dans les milieux favorisés, les parents ont souvent fait des études longues et sont en mesure d'aider leurs enfants en cas de difficultés, les parents lisent et les enfants les imitent ce qui permet à ces derniers de mieux réussir car les consignes sont mieux comprises (en français comme en mathématiques). Les enfants vont au musée, au théâtre, il y a des livres et des encyclopédies à la maison, les parents insistent plus souvent auprès de leurs enfants pour que ces derniers répondent de façon argumentée ..., comme à l'école. Bref, les enfants de cadres sont mieux préparés à la culture scolaire car on leur a transmis des normes et des valeurs (en particulier à travers les jeux) qui leur permettent de mieux réussir. Pierre Bourdieu parle de proximité culturelle entre les milieux de CPIS et l’école.

Pour Pierre Bourdieu, la destinée des individus dépend de trois types de capitaux :

-capital culturel (livre, aide au devoir, expositions, théâtre …) qui permet de réussir dans le primaire et le secondaire ; Bourdieu distingue alors 3 types de capital culturels (capital culturel objectivé comme les livres les visites de musées, les sorties au théâtre... ; capital culturel certifié comme les diplômes qui sanctionnent des qualifications ; et le capital culturel incorporé que Bourdieu qualifie d'habitus - disposition mentale et corporelle).

-capital économique (revenu, patrimoine) : permet de financer de longues études supérieures ;

-capital social (réseau de relations) : permet de s’insérer facilement sur le marché du travail ;

Enfin, nous pouvons noter que si les ouvriers représentent 23 % des actifs, les enfants d'ouvriers eux ne représentent que 3% des élèves de l'Ecole Nationale de l'Administration qui forme les futurs présidents de la République. A l'inverse, les fils de CPIS (cadres et professions intellectuelles supérieures) représentent 60% des élèves de l'ENA alors que les CPIS représentent moins de 20% des actifs (on peut parler d'une sur-représentation des cadres et d'une sous-représentation des ouvriers).

Ainsi, la famille instance de socialisation participe à la reproduction des positions sociales. En effet, 52% des enfants de cadres deviennent cadres à leur tour alors que 46% des enfants d'ouvriers deviennent ouvriers à leur tour. On parle de reproduction sociale.

×